La Barque Bleue

Posté le par Louis dans Récit et littérature

NULLE PART ET N’IMPORTE QUAND

      Il était nuit, il faisait nuit, la nuit fluide et douce s’était faite, doucement, sur la rivière où se reflétait, magique et liquide, la Lune des désirants et des désirés.

      Une barque bleue, avec ses flancs mordorés sur le haut, là où peuvent toucher les mains, toucher et se rafraîchir dans l’onde des ondines et des nymphes, des naïades mais jamais des noyades.

      La barque de bois nonchalant aux amours filait, dans le silence reflété, sous les verdures dansantes, comme encens nocturne :

miroitement infiniment bucolique d’être amoureux, la nuit de l’amour et de la délivrance.

   Poumons et cœur battants !

      Ils étaient là aussi, les deux amis, les deux amants :

     Elle, plus belle que la douceur maternelle et Lui, dans la Paternité qui est responsable des enfantines et des fleurs qui sont une tentative de séduction.

         Pas un souffle ne troublait la quiétude romantique, pas un frisson, hormis celui de se sentir aimé, dans la complicité, la connivence et l’Espoir inouï.

      Ils s’étreignirent languissamment, comme un mouvement huilé, ophidien, reptilien, la jouissance viendraient bientôt, toujours trop tôt survient la résolution des faims et des soifs ontologiques des êtres humains, dans le sexe partagé qui vient couronner l’amour réciproque.

Orgasmique nuit, orgasmique obscurité…

    Le jardin de Tes lèvres, ma Princesse inespérée !

   Couleurs sans douleurs…      

Naja, naja, naja !

Elle se dévêtit, féline, puis vint se lover contre lui, qui soupira sans pouvoir réprimer son bonheur d’elle ;

   Il abandonna ses oripeaux sur le banc un peu mouillé de la barque bleue :

     Oui, les liquides se confondent, comme larmes de joie, ondulations de peau, salives de la jeunesse, au goût de bonbon, de framboise et de pourpre…

De propre…

      Ils s’abandonnèrent à la haute souveraineté des chairs juvéniles, pures et embrasées tout ensemble :

  Déjà tout à fait expertes malgré les pudeurs et les étonnements :

Au fil de l’eau, de l’or et des orages sensuels.

              Emerveillement, émerveillement, émerveillement…

     Il lui dit, à Elle, sa Muse qui s’amusait de son trouble :

    --- Tu es le début de ma vie…

        Mais Elle, l’Adorable adorée, l’adorante de Lui :

       qui était bouleversée, se contenta de le caresser ou de le cajoler

dans les délices inavouables des premiers émois pourtant bien savants, bien savants, c’est bien certain…

Ah ! sacrée câlineuse…

      La barque miraculeuse glissait, la Lune miroitait pour les saluer et les sauver :

      sur la rivière qui s’éveillait à présent  comme un chaton aux yeux verts, au pelage roux, très très doux, infiniment puissant aussi :

               Ils s’étaient endormis, inondés de joie et d’espoir, dans la blancheur de l’aube retrouvée :

               c’était l’été des miracles, des légitimités, des avoeux, des JE TE VEUX :     

                           Cheveux dénoués et réjouis de rosée, gorge ronde et  blanche, muette jouissance, quand l’épuisement bienheureux engourdit les vaillances et les failles, les triomphes et le don, Beauté bleue, fluide, huilée, sans brûlures ni gelures :

                              Beauté blanche, blanche luminescence…

           AU JOLIS CREUX gelés des jeunes PORCELAINES !

   Il est l’enjôleur, Elle, la cajoleuse…

   Dès après les aurores, la barque flamboyante s’était engagée dans une grotte : celle de la source.

     Alors, ma Marjorie, encore dénudée, depuis les hanches jusqu’aux pieds qu’elle avait mignons à en crever :

     Se trouva éclairée par quelques lueurs, zigzagant sur ses cuisses et les sillons de la joie de son corps offrande :

      Alors, Lui, cela affola son désir, terriblement, virilement !

      Alors, le gentil garçon aux manières aristocratiques se mua en mâle primitif, s’empara d’Elle sans ménagement :

         Mais, Elle en fut ravie et RAVIE encore :

         La mignonette supra désirable s’était changée en femme, en féminité, en femellité et Elle reçut son amant avec soumission, soumission volontaire et insondablement profonde, suppliante et comme…

   Enivrée jusqu’à l’extase de Lui…

               C’est fou, la vie, non ?

                            Ce que peut produire une nuit, une seule nuit généreuse d’enfanter :

                           La nuit des fécondations, des sillons gracieux, des replis intimes où plonge l’ardeur de l’homme :

                                   Où il sème ardemment, vrai fécondateur, le grain de l’avenir !

  Sillons de filles, oh ! Tranchées des guerres de l’amour !

Louis Polèse
tous droits réservés

Cette publication a été lue: 6810 fois