Il était une fois deux enfants qui devenaient doucement de jeunes gens, une longue fille délicieuse et un garçon si gentil qu'il en était aimé, tant aimé d'elle et de chacun,
De tous vraiment.
Lui ne voyait pas, plus exactement ne voyait plus ; enfant, ses yeux connaissaient la lumière puis la lumière les avait désertés
Par accident, drame extérieur mais surtout intérieur :
Oh ! cruauté des cruautés, absence inconsolable du soleil
Elle l'aimait follement, comme son ami, son confident, son petit frère de cur et de vie :
Son double au masculin :
Le compagnon de ses jeux et de ses sentiments les plus doux, dans l'innocence de leur
dix-sept ans !
Tout était beau pour lui puisqu'elle était là :
Elle était la lumière de ses yeux éteints et de ses visions d'amoureux
Souvent, ils jouaient du côté de la rivière, sous les guipures d'or du soleil qui jouait sur l'eau, lui aussi :
Oh ! soleil, comme tu es beau !
Les deux amis s'amusaient dans l'onde rafraîchissante, par cet été brûlant :
L'été comme jamais dévorait ses musiques
Il était musique, elle était lumière
Et puis
Et puis
Comme toujours
Comme toujours :
La séparation survient, la brisure, la blessure, l'irréparable
Un soir au bal du village, elle dansa follement avec un grand gaillard mal dégrossi mais très entrreprenant :
De ce soir-là, de ce jour-là, elle s'amouracha de lui :
Un blond un peu gauche mais assez brave
Lui, celui qui avait perdu la vue, voulut alors perdre la vie :
Car elle ne venait plus avec lui au bord de leur rivière, elle ne nageait plus avec lui dans l'eau bénie de l'enfance
Trop occupée à ses nouvelles amours plus concrètes et sans doute charnelles :
Elle le délaissa et il se sentit infirme, infirme d'elle surtout :
Car il ne pouvait seul se rendre sur les rives de la belle rivière de l'espérance, le chemin était par trop escarpé et incertain
Mais un jour,
Mais un jour
l'un de ces jours de drame et d'abandon, il y descendit quand même et
Roula sur les pierrailles, roula, blessé par les rochers, meurtri par les cailloux, assassiné par son amour défunt :
les amours défuntes
Il roula jusqu'en bas, tomba dans l'eau et perdit souffle et espoir :
Avant, cette rivière était, car il l'avait baptisée, comme il aimait à tout baptiser de noms amis et doux :
L'espérance des désespérés !
Il s'éteignit, suffoquant seul, bien seul, trop seul,
Tout à fait seul
C'est seulement le lendemain, vers midi, en ce mois d'août magnifique et propice aux étreintes,
Qu'on le retrouva :
Ecorché et la vie l'ayant quitté pour jamais :
Une dépouille d'amour, un corps sans vie qui n'avait pas eu le temps de vivre et en avait d'avance perdu le goût, tout à fait :
Brisé, disloqué, massacré par la cruauté de l'existence et l'abandon de sa petite fiancée d'avant,
d'avant,
D'avant l'autre garçon du bal
Son prénom était Diamant ; le prénom de son aimée, de sa tant-aimée était Emeraude
Quand elle le vit, parti pour toujours et tant blessé :
Elle fut prise d'une immense affliction
Son âme fut triste à en mourir
Mais, à ce moment-là et parce qu'il l'aimait, il ne voulut pas, d'où il était à présent, qu'elle se culpabilisât
Il ne voulut surtout pas qu'elle souffrît, car le véritable amour ne veut que le Bien
Alors, un miracle prodigieux se produisit, une merveille :
Diamant se fit Lumière :
Si douce et si bienfaisante, si bonne et si bienveillante
Il enveloppa tendrement Emeraude et entra, sans effraction, dans son Cur pour, non la juger où la punir, mais pour la consoler
Diamant qui vivait à présent dans le Temple du Cur d'Emeraude lui parlait souvent et elle faisait de même.
Il lui disait :
tu dois faire des enfants, avoir une belle vie de femme et ne jamais regretter de m'avoir délaissé :
après tout, tu avais le droit d'aimer qui ton cur voulait. ---
Voici :
L'amour vrai ne connaît nul égoïsme, aucun reproche :
Si ton cur, lui disait-il, t'adresse quelque reproche, l'amour que je suis est plus grand que ton Cur.
Il lui disait encore :
Tu étais la lumière de mes yeux enfuis, le jour où tu es partie je suis mort.
A présent :
Je suis la Lumière de ton Cur, jamais je ne te quitterai et jamais tu ne mourras
Car :
Je T'AIME comme personne ne pourra jamais t'aimer et mon souffle de tendresse infinie, d'affection absolue, t'accompagne :
Jamais, jamais, mon Emeraude tant chérie, tu ne rouleras sur les pierres du chemin de la vie :
Je te porterai moi-même sur mes mains qui te guériront de tout découragement :
Car :
JeT'AIME
Louis Polèse
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