SARAH ou l'Enfant du Pardon

Posté le par Louis dans Récit et littérature

A Lausanne, ce Lundi Trente Novembre 2015,

SARAH, ou l'Enfant du Pardon.
C'était au moment si chaleureux du Solstice d'Hiver, d'Anouka, de Noël : au temps des chandeliers.

Princesse SARAH, toute petite fille boréale, un peu Viking : chevelure d'or, yeux de saphir, vivait dans les mystères andins, jardin du monde, escaliers vertigineux des Cordillères.
Silence des silences, ni sonnailles, ni cavaliers…
Vivait, vibrait :
en Elle l'esprit du Pardon, beau comme l'amour, bleu comme le cœur si pur des enfantines.
TOTAL AMOUR…
Le phare constellé du ciel austral s'éteignait, quand trois hommes solides, encordés, amicaux, avec force piolets et pitons, escaladait la terrible paroi de glace, sous le jet violet des pierrailles impitoyables et les crissements terribles :
Dans leur besace de velours, l'enfant de l'Amour, trois ans, babillant, toute serrée contre un rude gaillard s'égosillant :
Courage, courage, on y est presque !
A présent, les trois costauds progressaient péniblement à corde tendue, à cause des crevasses traîtresses.

Soudain, le sol se déroba sous leurs pas et la chute fut irrémédiable :
Seule SARAH survécut, seule, si seule :
Tellement… C'était tellement le Printemps dans son âme, pourtant…

Un seul enfant, un enfant seul, seul un enfant peut pardonner.

Une autre nuit s'abattit, sifflante et épouvantable, sur les roides escarpements acérés.…
Avec des cris de rapaces et des couinements de rongeurs.
Pas un arc-en-ciel, aucun espoir, où étaient la Promesse de l'Alliance, l'Arche Sainte,
L'Oasis ?

Alors, deux petits animaux, dans le style de nos chamois,
De nos mouflons braves, regardèrent dans la crevasse, bien impuissants, le sabot glissant, tout trempés et gelés de froid cruel ; tout inquiets, transis de compassion : Sosstradanïa !
Que faire, se demandèrent-ils entre eux, tout blottis et palpitants, le coeur serré ?
Mais le joli chamois se souvint qu'une légende ancienne parlait d'un couple de dieux :

ALFADIR, le Père de Tout, dans les régions nordiques, et Dévi, la douce Déesse-Mère de la Vallée en fleurs de L'indus, la Protectrice du Foyer, la Maternelle…
Ces dieux formidables habitaient, disait-on, un refuge par ici, dans la contrée,
Niché dans la roche des origines, au creux des pics altiers.

SARAH dit aux gentilles bêtes, tout en fourrure et en tristesse :
Appelez dans votre Coeur le Roi condor, Lui sait pourquoi on me veut du mal et comment me sauver.
Me sortir de là !
Holocauste, non, pitié, non…


Le vaste oiseau, l'envergure rouge par endroits, le cou musculeux et pelé approcha, descendit des hauteurs insondables du ciel, les ailes toutes grandes, l'anneau de plumes autour de son royal cou, si majestueux, vraiment !
Il fondit dans la crevasse, prit délicatement la fillette dans ses serres terrifiantes de géant et la porta, s'aidant de son bec tragique, à travers l'air glacé, cachée sous ses plumes de protection…

Dans le Palais des dieux, on se consultât, que faire ?
C'est Maman Dévi, à l'agni magnifique, feu des amoureuses qui en décida :
La petitoune devait quitter le pays des Neiges, pour le Paradis des zones charmantes de La Terre, Gaya,
Là, Où Phoebus, astre solaire et garant de toute vie sous le ciel, dardait ses rayons bénéfiques et bienfaisant, au fil, au vent berceur des saisons d'Aimer.
D'ailleurs, sourit gentiment Dévi, Elle blondirait ainsi plus encore et le ciel si bleu aimerait encore davantage à se refléter dans le miroir de son âme, dans la lampe de son corps :
Ses YEUX éternels !
Miroitement qui se réfléchit dans la douceur profonde…
En songe, on transporterait la petite SARAH dans une vanilleraie de l'île Bourbon, au beau milieu de ces orchidées magiques.
Tout se tut, comme les voix chères qui se sont tues ;
Tout devint secret, magie du Pardon.
Aux coquillages de ses petites oreilles…
Je Vous le confie :
Princesse SARAH est précieuse, si précieuse, tant précieuse car dans son Coeur virginal repose : le PARDON.
Sur un coussin de soie orangée…
Plus urgent que toute autre décision, plus vital que l'oxygène-même, plus impératif que la nourriture, plus beau que la beauté :

Le PARDON est le Bien sublime et suprême de l'AVENIR…
La petite SARAH, la petite protégée de Dévi et d'Alfadir vivait maintenant sur l'île de la Réunion, au commencement de l'Hémisphère austral, à l'abri, dans les fragrances de Vanille et de floraisons insoupçonnées.
A l'ombre des pagodes, des églises de Jésus et des mosquées d'or…
Elle grandit en taille et en sagesse et son ami de coeur, Monsieur le Condor, vit loin de l'astre vivant, loin du globe noir : hiératique et inaccessible, sauf pour Elle…

Le petit chamois et le gentil mouflon jouent avec Elle en pensée, car il aurait fait trop chaud pour leurs frêles pattes de Lumière, sur les belles plages de l'île aux thons à nageoires jaunes, aux fruits de succulence, à la Fournaise, aux cirques élevés, à l'Océan Indien…

Quand elle eut atteint vingt-et-trois ans, Elle étendit sur le monde le manteau MIRACULEUX
du Pardon :
Manteau de Lumière et de grâce, inaliénable, inexpugnable, imputrescible, incorruptible, IMMORTEL.

Et l'Humanité devint Humaine, ENFIN.

Louis Polèse
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