PATERNEL AMOUR

Posté le par Louis dans Récit et littérature


PATERNEL AMOUR

L'amour absolu d'un Père pour sa petite Emilie,
en situation de handicap et de vulnérabilité dans sa tête.

En dix séquences.

1 : Le Brésil.
Le soleil est comme pépite affolée dans le saphir tragique du ciel.
Le Père est un trafiquant d'émeraudes, de la couleur des yeux magnétiques et questionneurs de sa petite Emilie, quinze ans, qu'Il appelle Mie :
Pourquoi Mie ?
Trop de syllabes, trop d'attention déstabilisent son Emilie.

2 : Palais de Justice de Paris.
La Salle d'Audience sent le bois ciré, avec la balance qui trône, ses deux plateaux à l'équilibre.
Le Président, à Emilie :
Prénom, Nom, Qualité… -- !
La voix est mécanique, impérieuse…
Mais le Papa, dans le boxe des accusés, fulmine et s'étrangle et il crie :
-- comment osez-vous, ma petite ne peut pas même balbutier un mot complet -- !
Et la main droite, tremblotante et rondelette de la petite reste comme suspendue…
N'y en va-t-il pas trop souvent AINSI
De la Justice des hommes ?
S'acharnant sur les petits et n'osant pas même regarder au fond de leurs yeux criminels, les immondes terroristes, les chefs de gangs ou de bandes…

3 : Les yeux d'Emilie.
Dans la Salle d'Audience, les yeux d'amour inquiets de la petite croisent le regard aimant de son Père :
Son petit visage s'illumine et elle court droit vers lui :
On l'intercepte alors sans ménagements.
Dans son dos meurtri, le Papa cache une tablette de chocolat :
En sept ans d'emprisonnement, on sauve l'essentiel :
Une friandise pour son amour de fillette.
Mais le Président éructe : non ! Non ! qu'on la retienne !
Mais qui pourrait, qui oserait, retenir un élan d'amour ?
Elle vient près de Lui et Lui, lui murmure : MIE…

3 : Quelques années plus tôt.
La Maman, une Garce finie (oui ça existe aussi) 
Couchant, vice pour vice, la voix rauque et le cul en feu :
Avait tout fait pour briser le LIEN !
Mais, un soir, nul ne saura jamais qui, où, ni comment :

Une gifle magistrale l'avait tuée…
On accusa le Père qui tour à tour, nia, avoua, nia encore et encore avoua.
Tout laisse à penser qu'il n'est pas coupable, car son alibi tient la route.
Mais, bref, pour finir, après quatre ans de cabale, héroïque avec Emilie à ses côtés, sous des cieux plus cléments :
On l'emprisonna.

4 : La fillette fut placée dans un Foyer, qui n'en est jamais un, tu le sais… Je veux te raconter l'exil, le bannissement de la fille et du père.
Emilie, privée des soins et surtout de l'amour absolu de son père stagna dans son état :
Etait-ce handicap mental, était-ce blocage ?
Le père s'immola par le feu en prison :
Assis sur un tas de journaux qu'il avait imbibés d'eau de Cologne, il craqua l'allumette fatale :
Trois ans de rééducation, brûlé à cinquante pour cent, au troisième degré.
Mais il résista, car il est vrai qu'il est une force de la nature :
Plongeur en grandes profondeurs, costaud, rustique et robuste.

5 : Mais dans ce corps viril, hyper viril, bat le cœur enfiévré, dévoué jusqu'à l'infini d'aimer à sa petite Mie, pour qui le soleil, c'est Lui, l'eau qui étanche et purifie, c'est Lui, l'amour, c'est lui, seulement, tragiquement, terriblement, affectueusement : Lui.

7 : Ainsi, même au cours de sa fabuleuse cabale, dans des milieux interlopes, sous des cieux tropicaux, équatoriaux :
Jamais il ne s'était séparé d'Elle ;
La protégeant des mafias, de l'omerta, des vengeances, de la Justice des Hommes, des séparations.
Il avait fui, c'est vrai, car on l'avait menacé d'interdiction même de parloirs, et Lui :
Il ne pouvait pas même concevoir, tant inhumaine lui semblait la peine, de ne pas VOIR Mie, de ne pas SOURIRE à Mie, de ne pas plonger tout son Amour dans l'Amour de Mie.
Voici le cri des terreurs nocturnes, de l'Abandonné, de l'Abandonnique, de l'ABANDON !
Le mot mortel : Séparation !

8 : Dans l'affaire de la mort de la Mère, tout était enchevêtré :
Elle chercha souventes fois à frapper Mie, accusant le Père du handicap mental ou du blocage de la petite :
A cause de sa violence prétendue à Lui, qui aurait essayé de… puis de…
Bref, Elle était un modèle, la salope
et Lui un salop.
Jamais on ne retrouva le cadavre de la Mère, tout dans cette affaire n'aura été que confusion, lutte, noires et gluantes,
luttes interfamiliales :
Allusions génétiques, comportementales, tragédies sur tragédies.
Cloaque du genre humain, visages griffés, sexe immonde et dépravation innommable…

9 : Une seule et unique chose est sûre et certaine, au milieu de ces sordidités :
Le cœur de Neige d'Emilie et les entrailles paternelles de l'HOMME :
Car, Concrètement, chaque jour, chaque nuit, l'Amour du Papa pour sa Mie :
sa chérie, son biscuit, son TOUT, son Ange et son TOUT. –

EST le plus beau cadeau du monde :
Le Présent, car Il est présent !
Ils sont à présent réunis et le Père cherche activement un vrai Centre d'Accueil et de Développement, tout à fait conscient de ne pas devoir être l'Unique Ancrage d'Emilie et de ne
surtout pas l'emprisonner, fût-ce dans le cachot doré et douillet de son Amour inconditionnel…

10 : Contre vents et marées, prisons, cachots, mise à l'isolement,
Quartiers de haute sécurité, centrales, fugues et dangers :
tentative de suicide, tortures du feu,
Bagarres au Brésil puis plus tard au Zimbabwe, diamants bruts trafiqués, vendus et revendus, émeraudes planquées (la pierre du porteur de Lumière, pierre jalouse s'il en est),
loin de leur soleil d'origine :

Le Père se montre un Homme :
Sans doute primaire par certains aspects, sûrement pas blanc bleu, ni blanc de chez blanc :

Mais s'illustrant par ce qui fait un Homme, justifie sa présence, le justifie :

L'Amour de son petit Ange, diminuée, ne parlant pas, ne comprenant peut-être pas, du moins à la manière ordinaire de comprendre :

Car pendant le Procès, Elle courait avec sa Poupée dans la Salle d'Audience :
Se foutant pas mal des vociférations, des rappels à l'ordre :

Ne cherchant qu'une seule et unique chose, une seule et unique RENCONTRE :

Le REGARD, le SOUFFLE, TOUT son PAPA.
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Louis Polèse
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